Le manager pygmalion et la performance durable
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Nous avons tous été débutants dans quelque chose : une entreprise, un métier, un projet… Espérons que nous aurons sans cesse l’occasion de débuter dans de nouveaux domaines. Il en va de notre santé intellectuelle !
Cependant, combien d’entre nous avons été accompagnés dans ces moments de balbutiement inconfortables par un pygmalion qui a cru en nous, qui nous a accordé le droit à l’erreur, qui nous a fait confiance ?
Je rencontre encore des managers de tout niveau qui me disent « Mon patron ne vient me voir que lorsque ça va mal. Il me rappelle qu’on a dépassé les délais fixés, que mon équipe a fait moins de résultats ce mois-ci… et qu’il faut remédier sans tarder aux choses. Comme si je ne le savais pas ! ». Cette posture normative et infantilisante risque de générer frustration, stress, blocage… bref un état d’esprit énergivore, voire inhibant alors que nous avons besoin de toute notre sérénité intellectuelle pour trouver une issue satisfaisante au problème.
La posture pygmalion n’est pas une légende ! C’est le psychologue R. Rosenthal qui l’a mise en évidence. Il s’agit d’une prophétie autoréalisatrice (utilisée à profusion par les psy et les coachs) qui provoque une amélioration des performances d’une personne en fonction du degré de croyance en sa réussite venant d’une autorité ou de son environnement.
A priori convaincu que ses collaborateurs sont capables de…, le manager se comporte en conséquence : les stimule, les soutient, les encourage, ce qui leur permet de libérer tout leur potentiel et d’obtenir de meilleurs résultats. La conviction initiale est de cette façon confirmée et la boucle stimulante pour les deux parties qui s’ensuit conduit à une performance durable.
Le manager pygmalion agit en fait sur le système de récompense de notre cerveau, qui fournit le désir et la motivation nécessaires à la mise en œuvre de comportements et d’actions adaptés à la situation.
Adopter et incarner cette posture demandent un changement de perception et d’état d’esprit : voir le verre à moitié plein, identifier et activer les atouts (vs faiblesses) de ses collaborateurs, croire en leur réussite, donner envie de transformer les problèmes en défis à relever (vs obstacles), envisager l’échec comme la possibilité de recommencer d’une manière plus intelligente, diffuser et pratiquer le « test and learn », …
Devenir un manager pygmalion pour soi-même et les autres passe aussi par une remise en question de ses croyances, certitudes ou valeurs, parfois limitantes, qui nous empêchent d’entreprendre de nouvelles choses par crainte d’échouer ou en état persuadé de travailler pour rien ou de perdre notre temps.
Nous oublions ainsi les conseils des athlètes de haut niveau : si vous vous inquiétez de votre performance, vous avez déjà perdu ; entraînez-vous dur, le reste prendra soin de lui-même !