Formation à la gestion du stress : à qui, à quoi ça sert ?!?
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J’ai souvent été sollicitée pour construire une formation à la gestion du stress, sur-mesure, pour les managers d’une entreprise en transformation. Je me suis chaque fois demandé comment répondre à ce « sur-mesure » en sachant que le stress est une histoire de perception, que nous avons chacun la nôtre et qu’il peut y avoir autant de perceptions d’une même situation que de personnes qui y sont confrontées.
En effet, selon l’Accord National Interprofessionnel du 2 juillet 2008, un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception que j’ai des contraintes imposées par mon environnement (réorganisation de mon service, nouveaux outils ou procédures de travail…) et la perception que j’ai de mes propres ressources pour y faire face. En approche neurocognitive, on parle de stresseurs (facteurs externes) et de stressabilité (réactivité interne).
Si la manière de percevoir une situation nouvelle nous est personnelle, les stresseurs, même si on fait partie de la même organisation, ne sont pas non plus identiques pour tous. Le changement stimule les uns et inquiète les autres, le statu quo rassure certains et angoisse les plus entreprenants… Parler de ce qui nous perturbe ou alarme n’est pas toujours facile. Les difficultés qui en résultent touchent à notre intimité (professionnelle et personnelle) que nous n’avons pas forcément envie d’étaler sur la place publique d’une formation, fût-elle avec nos pairs. On reste alors à la surface des choses, on fait semblant de ne pas avoir de vrais problèmes, on parle du stress stimulant, on participe aux expérimentations ou entraînements proposés sans conviction…
J’ai accompagné en coaching des leaders qui avaient bénéficié de plusieurs formations à la gestion du stress. Ce qu’ils en ont retiré ? Quelques astuces et surtout le sentiment de s’enfoncer encore plus dans un perfectionnisme, certes rassurant, mais improductif ou dans la volonté illusoire et épuisante de contrôler les situations au lieu de lâcher prise et prendre du recul. Ce dont chacun avait besoin, c’était justement le « sur-mesure » : faire un travail d’introspection guidée ; prendre conscience de son équation stressabilité-stresseurs et de la manière dont elle prend les commandes sur ses capacités de réflexion, de créativité ou d’action… ; reconnaître, nommer en toute ouverture ce qui pose problème et comprendre le pourquoi ; identifier ses propres protections et s’autoriser à les mettre en œuvre chaque fois que le stress cherche à s’inviter de la partie.
La formation nous propose une approche rationnelle d’acquisition et d’entrainement progressif à certains outils, méthodes ou techniques. La gestion du stress, l’idée que l’on se fait de son incapacité à gérer une situation nouvelle ou complexe se situent à un niveau émotionnel. Tant que nous voudrons traiter les aspects émotionnels à l’aide d’une approche rationnelle, en collectif et en entreprise, nous risquons de renforcer l’autre dans une croyance limitante et toxique : « j’ai tout essayé et ça n’a pas marché », « je suis comme ça et il n’y a rien à faire ».
La prise en compte des facteurs de stress de chacun suppose un accompagnement individuel, certes plus long qu’une formation , mais au combien efficace !